Congrès 2022
"Une opportunité unique de rebattre les cartes"
Après une grande Soirée de l’immobilier le 13 octobre, le Congrès Federia 2022 a réuni plus de 850 participants (dont une centaine en ligne) le 14 octobre dernier sur le thème "Osez évoluer".
Comment oser ? Comment évoluer ? Dès aujourd’hui ou seulement demain ? Vastes questions en ces temps incertains, où les mots "crise" et "opportunité" s’enchevêtrent plus que jamais.
Trois conférenciers se sont succédé durant la matinée pour tenter de poser un diagnostic tout en proposant des pistes de solutions : un professionnel du secteur, Toon Kympers, Chief Marketing & Sales Officer de Revive ; un philosophe, Emmanuel Tourpe, qui est aussi Directeur général du pôle audiovisuel d’IPM ; un économiste, Bruno Wattenbergh, professeur de stratégie et Ambassadeur of innovation chez EY.
D’ici 2060, a fait remarquer Toon Kympers, la Belgique comptera 1 million d’habitants supplémentaires et le secteur de l’immobilier aura un rôle crucial à jouer dans ces évolutions. Il devra prendre ses responsabilités sociétales et réduire son impact pour la planète.
L’orateur a notamment relevé un chiffre qu’il juge encourageant : aujourd’hui, pour chaque logement démoli, 2,2 nouveaux logements "future proof" sont recréés ; et 55% des bâtiments démolis étaient non résidentiels. "Il faut, a-t-il affirmé, rendre les villes plus rurales et les villages plus urbains. Densifier, renforcer, concentrer, avec un réel souci du social et de l’écologie."
Le rôle du secteur immobilier est d’autant plus fondamental, a souligné Emmanuel Tourpe, que "si un élément doit rester stable dans l’ambiance d’apocalypse qui parcourt notre société, c’est bien le monde de l’immobilier. Avoir accès à une habitation, une demeure, correspond à un besoin humain très profond."
Selon lui, "nous vivons actuellement l’arrivée d’une modernité 2.0". Le secteur immobilier peut s’inscrire dans cette nouvelle modernité. Celle-ci repose sur la communication, désormais adressée en peer-to-peer, via des canaux multiples, des messages multiples, des moyens multiples. Dans l’immobilier, cela signifie que, depuis le premier coup de pelle jusqu’à la signature du contrat, tout sera communication avec le client.
Quand et comment oser aborder ces changements ? Bruno Wattenbergh, professeur de stratégie et Ambassadeur of innovation chez EY, a rappelé que "tout business model a une date de péremption. Toute entreprise suit une courbe : elle grandit, puis elle arrive à maturité. C’est là que se situe la partie la plus dangereuse du business : le risque de vouloir traire la vache jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de lait". Or, c’est quand le business marche qu’il faut prendre le risque. Sur le marché immobilier, on peut réfléchir aux activités adjacentes qui pourraient être lancées avec les ressources et les compétences disponibles. Par exemple, développer une activité de syndic adjacente à celle de courtier, pour garder les clients après que la transaction a été conclue.
La stratégie d’entreprise dépendra évidemment de l’environnement du secteur. Dans l’immobilier, a-t-il constaté, on peut distinguer quatre grandes vagues : "la technologie disponible, pas chère, qui ouvre le marché à n’importe quel concurrent ; la démographie (le vieillissement de la population) ; un certain repli de la globalisation, et l’environnement (les permis, le PEB, les nouvelles exigences des banques…)." Bruno Wattenbergh s’est dit cependant convaincu que "la période actuelle est une opportunité unique de voir comment on peut rebattre certaines cartes."
En conclusion, il a également livré quelques conseils : "acceptez ce que vous ne pouvez pas éviter, faites le bilan des compétences et ressources que vous avez, regardez ce que vous pouvez faire ou développer."
Collaborer à 360 degrés
L’après-midi, deux workshops étaient consacrés, l’un au métier de courtier "Osez adopter une stratégie de coopération", avec Charlène Renier, Business Consultant et Coach en management et Caroline Lejeune, Présidente de Federia ; l’autre au métier de syndic "Le syndic vaut-il réellement plus qu'un concierge ?", avec Yves Van Ermen, Vice-Président de Federia et Sandrine Galet, Vice-Présidente de l’IPI.
Pourquoi la stratégie de collaboration est-elle importante pour les courtiers ? Parce que, a expliqué Charlène Renier, "il est important d’oser apprendre de l’autre, de comprendre ses besoins, ses défis, ses craintes. Et cela à 360 degrés, c’est-à-dire avec les collaborateurs, mais aussi avec les confrères, avec Federia, avec les clients. Il faut que chacun y gagne. Le win win fait partie de la coopération."
Il faut pouvoir "mettre la créativité et la bienveillance au service de la coopération. Savoir créer la sécurité psychologique, pour que les gens osent donner leurs idées. Être à l’écoute des idées, pour arriver à une solution. Laisser à tous la possibilité d’innover, de prendre ses responsabilités, cela permet de renforcer la coopération", poursuit-elle.
Elle y voit aussi une réponse à la quête de sens : "il est important de définir quels sont les besoins de chacun, de mettre en avant les compétences qui vous distinguent des autres. N’hésitez pas, conclut-elle, à montrer toute votre expertise vis-à-vis du client, dites les choses franchement, soyez clairs quant à votre situation et… pensez à l’audace."
Les agents immobiliers-syndics sont appelés, eux aussi, à oser évoluer. Plus précisément, il devient urgent de faire évoluer le métier et la perception qu’en a le public, comme l’indique la grande enquête réalisée par l’IPI et les fédérations afin de comprendre les raisons du décrochage toujours croissant. Manque de reconnaissance, charge mentale, rémunération et quantité de travail sont particulièrement pointés du doigt. "Le métier de syndic est déjà en pénurie et le nombre de copropriétés ne cesse d’augmenter. Si nous ne réagissons pas, explique Sandrine Galet venue présenter les résultats de l'enquête, certains copropriétaires pourraient bientôt ne plus trouver de syndic pour gérer leur copropriété."
Parmi les pistes de solutions évoquées, l’IPI prévoit notamment une grande campagne de communication didactique destinée aux copropriétaires et de nouvelles formations aux “soft skills” pour les agents immobiliers-syndics. Mais ces derniers ont eux-mêmes un rôle crucial à jouer, à commencer par le fait d’oser imposer des assemblées générales en journée, au même titre qu’on prend un rendez-vous chez le médecin ou avec son plombier. "C’est tout à fait possible !", en témoigne Gilles Frémont de l’ANGC (Association Nationale des Gestionnaires de Copropriété) en France qui explique que “cela demande beaucoup de pédagogie et de la fermeté".
Il est également essentiel que le métier de syndic, ses compétences et ses tâches soient perçus – et rétribués - à leur juste valeur ; “comme un service et non comme une charge”, précise Yves Van Ermen en présentant les résultats de l’étude menée auprès des membres de Federia Syndic et qui porte sur l’une des préoccupations principales ressorties de l’enquête IPI, à savoir les honoraires.
De grandes disparités entre provinces ont été mises en avant, menant Yves Van Ermen à interpeller l’auditoire : “Comment expliquer que, pour certains types de biens, un agent immobilier-syndic doit travailler deux fois plus que son confrère pour gagner la même chose ? Quand on sait que la charge de travail est déjà trop importante, on peut craindre que la qualité de service n’en pâtisse et, à travers elle, l’image de la profession. Un travail bien fait nécessite du temps, de l’implication et une rémunération à sa juste valeur”. L’appel à ses confrères est on ne peut plus clair.
Vous l’aurez compris, les enjeux pour les métiers d’agents immobiliers sont nombreux et importants à bien des égards.
Le Congrès 2022 a rassemblé un nombre record de participants autour de conférenciers et intervenants de qualité qui vous auront, nous l’espérons, inspirés et donné l’envie d’oser évoluer !
Nous tenons à les remercier ainsi que nos partenaires pour leur soutien. Sans oublier toute l’équipe qui a travaillé d’arrache-pied pour que ce Congrès soit un succès.
Enfin, 850 fois merci à vous ! Merci pour votre présence - digitale ou présentielle -, votre enthousiasme et vos retours encourageants. Nous vous donnons d'ores-et-déjà rendez-vous les 12 et 13 octobre 2023 pour une nouvelle édition. À vos agendas !
Martine Maelschalck et Marine Catlin
NMERCI À NOS PARTENAIRES POUR LEUR CONFIANCE